Tribulations d'un Français en Inde - Entre ciel & thé
Publié le 17 Janvier 2012
2e épisode du carnet de voyage de François en Inde. Il nous raconte sa première semaine de découvertes au pied de l'Himalya.
Nous sommes partis dimanche dernier, levés alors que vous vous souhaitiez en France une bonne année 2012, pour le Sikkim. Le Sikkim c'est un peu le Népal, ou presque. Les habitants ont la même petite taille, le même visage aux yeux plus bridés qu'en Inde, et surtout la même bouille enfantine qui me fait dire que tous les hoteliers que nous croisons n'ont pas plus de 16 ans (mais Pierre m'assure que si...) Nous sommes au pied de l'himalaya. Le Konchentzonga, qui culmine autour de 8600 mètres nous fait de l'oeil toute la semaine, jouant avec les nuages qui s'accrochent à lui. Finalement ce n'est qu'hier matin, à Darjeeling, du toit de notre hôtel que nous l'apercevons.
Nous sommes la première semaine de janvier mais nous nous promenons sur le flanc des montagnes en t-shirt, jouant à cache-cache avec la pluie.
Assez peu d'occidentaux dans la région, surtout à cette période, et notre trek sans guide nous amène parfois à nous égarer dans des propriétés privées où les habitants arrêtent toute activité pour nous regarder passer. Nous lançons un Namaste. Les mains jointes ils répondent par un Namaskar encore plus respectueux. Les enfants sourient, ils demandent à être pris en photo puis demandent quelques pièces, une barre de chocolat, un bonbon. Nous ne sommes pas chez nous et nous ne pouvons pas si facilement nous départir de notre occidentalité et de notre étrangeté. Souvent, c'est le prix occidental qui nous est proposé, nettement supérieur au prix indien, nous négocions. Les rickshaws nous interpellent pour nous éviter de marcher, nous refusons poliment. Des indiens veulent nous prendre en photo (même en vrai je ne pensais pas que cela pourrait m'arriver...), nous déclinons également (tous droits réservés...)
Dans la montagne, les nuages s'accrochent aux sommets. Il fait parfois gris. Mais nous nous y attendions. Cette région est connue pour ses brouillards et ses pluies. Ses paysages en sont d'autant plus magnifiques. Nous arpentons le Sikkim trois jours entre Pelling, Kecheperi Lake, Yuksom et Tashiding. Les routes sont sillonnées par des Shared Jeep qui dévalent les pentes, bondées de 10 à 14 passagers. Bien évidemment pas question de ceintures. Les hôtels sont plus que rustiques et simples, juste ce dont nous avons besoin. Un petit luxe le premier soir : une bouillote au fond du duvet apportée par l'hôtelier ! Les repas dans cette région plus proche du Népal que de l'Inde ne sont pas vraiment épicés. Nous poussons le chauvinisme jusqu'à commander dans un petit restaurant des French Fries. Aussi bonnes qu'en France avec un petit goût d'exotisme en plus... Dans la vallée les rivières dévalent, s'écrasant contre les rochers, des petits ponts les enjambent, nous buvons l'eau qui descend des sommets sans crainte, pour une fois que nous ne nous posons pas trop de questions en buvant de l'eau. La faune est presque inexistante, à l'exception de quelques vaches et de nombreux chiens qui n'hésitent pas à nous suivre pour changer de ville. La flore en revanche est absolument magnifique, pas deux arbres identiques, un parfum de jungle. Lorsque nous atteignons les sommets, souvent couverts par des temples boudhistes, nous n'entendons plus que le vent faisant claquer les drapeaux à prières. Silence. Le paysage est comme en pause.
Nous passons nos deux derniers jours à Darjeeling, capitale du thé. Tous les coteaux sont plantés de cette petite plante qui ravit les papilles des anglais. Le jardin juste à coté de Darjeeling est un peu le "Veuve Cliquot" du thé. Pas d'activité à cette époque, mais encore une fois des paysages magnifiques cette fois-ci sous le soleil. Nous déambulons dans les ruelles de la ville, dans le bazar et acceptons de nous faire prendre dans quelques pièges à touristes. Après tout nous sommes un peu là pour cela aussi...
Le vrai voyageur n'a pas de plan établi et n'a pas l'intention d'arriver. [Lao-Tseu]
François Merriaux
Photos : Pierre Delannoy