Qui est prophète ? - Jérémie, ou la question du mal
Publié le 16 Mai 2012
Jérémiades ou message d’espoir ?
Un bus reconduit deux classes d’enfant de leur séjour à la neige. Un accident. Une vingtaine y trouvent la mort…
Pourquoi ?
Pourquoi cette souffrance ?
Pourquoi cette injustice ?
Ces questions, que nous nous posons encore aujourd’hui, qui ébranlent parfois notre foi, le peuple d’Israël, dans la douleur de la défaite face à l’envahisseur babylonien, se les posait 587 avant JC. Quelques années plus tôt, déjà, le roi Josias, ‘bon roi’ pourtant, qui a été à l’initiative d’une grande réforme du culte en faveur de Yahvé, avait été assassiné. Au moment de la défaite, Jérusalem est anéantie, le Temple détruit, et le peuple d’Israël est contraint de quitter la Terre Promise pour s’exiler à Babylone.
Pourquoi ?
C’est dans ce contexte qu’a vécu Jérémie, prophète dont le livre fait partie de l’Ancien Testament. Il a connu la gloire de Jérusalem sous Josias, puis l’anéantissement du royaume de Juda, et enfin l’exil. Ses prophéties sont notamment célèbres pour sa façon de crier vers Dieu sa souffrance : « Pourquoi nous avoir frappés sans aucune guérison ? Nous attendions la paix : rien de bon ! Le temps de la guérison : voici l’épouvante ! » Jérémie 14, 18-19.
Autour de la question du mal, Jérémie développe une théologie qui s’oppose à la vision de ses contemporains. Selon la pensée deutéronomiste, faire le mal, c’est choisir la mort, alors que faire le bien assure d’être bénit de Dieu. Dans le contexte de l’exil, Jérémie refuse de rechercher l’origine du mal, mais annonce « une alliance nouvelle » (Jr 31,34). Pour lui, Dieu pardonne sans condition, et c’est le pardon qui précède la conversion. Il appelle donc à une conversion des cœurs, pour que chacun intériorise cette alliance directe avec Dieu.