Lettre de Paul au Père Castor - Les signes

Cher Père Castor,

Voilà très longtemps que je ne t'ai pas écrit. Faut dire que cette année j'ai beaucoup de devoirs, la maîtresse est très sévère. Si j'ai pas mes baskets pour faire du sport le lundi, je peux pas faire de sport. Pourtant j'aime bien le sport... Et puis il y a eu noël, petit Jésus dans la crèche et les cadeaux et la famille. Maman dit tout le temps que je devrais t'écrire. Faut dire qu'elle répond pas trop à mes questions. Enfin, si, "Ecris plutôt à ton oncle" c'est tout ce qu'elle trouve à dire... Je dois commencer à l'ennuyer avec mes questions. Dimanche, à la messe (on a dû y aller à 9h ! Pas de grasse matinée, et mon frère dormait sur le banc, c'était rigolo... Ca n'a pas plu à maman, papa il disait rien), je lui ai demandé pourquoi on faisait des petites croix sur le visage et le coeur avant d'écouter le prêtre ; elle m'a fait chut ! et on n'en a plus parlé.
Pourquoi il y a tant de signes incompréhensibles quand on va à l'Eglise ? C'est pas drôle de rien comprendre.
Et pourquoi maman elle veut pas répondre à mes questions ? il faut que j'arrête de m'en poser ?
J'attend ta réponse

Bisoux

Paul

Cher Paul,

Ta lettre m'a bien fait plaisir, c'est vrai que cela faisait bien longtemps ; mais moi aussi j'aurais pu t'écrire et te donner des nouvelles.
Je vois que tu te poses toujours autant de questions, c'est bien de s'en poser, n'arrête. Par contre, pourquoi ma soeur n'y répond pas, je ne sais pas, demande lui...
Pour les signes dont tu parles ce n'est pas dur : nous, les Hommes, aimons bien les signes. Et nous en avons besoin, ils nous aident à mieux comprendre. L'Eglise ne parle pas que par des mots, et heureusement. Quand on te montre une croix, tu comprends tout de suite, non ? C'est fou, un instrument pour mettre un homme à mort comme symbole d'amour ! Mais ça c'est une autre histoire... Faut pas que je m'égare.
Alors, les signes, comme tu le dis, on ne les comprend pas tous. Imagine ta maison avant que tu n'y habites. il n'y avait sûrement rien sur les murs, les pièces étaient vides. Et puis au fur et à mesure du temps et des années, pour un anniversaire, un ami a offert un cadre, un oncle une lampe pour Noël, et puis tes parents on acheté des meubles... La maison est devenue un bric à brac de plein de choses. Et si un copain vient te voir, il trouvera que c'est le bazar et n'y comprendra rien, tu ne crois pas ?
Eh bien dans l'Eglise c'est pareil.
Avant l'Evangile, à la messe, tu fais avec le pouce un petit signe de croix sur ton front, ta bouche et ton coeur enfin. Ainsi, tu demandes d'ouvrir ton esprit pour comprendre, ta bouche pour témoigner et ton coeur pour recevoir. Tu te prépares à entendre la Bonne Nouvelle du Seigneur.
Je t'explique un autre signe ?
L'Eglise réserve l'huile aux grands événements. Nous sommes marqués de l'huile à notre baptême, notre confirmation, et aux ordinations. Mon évèque a tracé un signe de croix avec l'huile sainte à mon ordination. Pourquoi l'huile d'après toi ? Parce que l'huile nourrit. Parce que l'huile aussi aide à ce que les choses ne grince plus. Et surtout parce que l'huile marque profondément, elle pénétre très fort et reste indélébile. Si tu tâches ton vêtement avec de l'huille, la tâche risque de ne pas partir, et tu risques aussi de te faire gronder. Et bien le signe de l'huile dans l'Eglise marque la présence indélébile de Dieu en nous. Fort, non ?
Tu vois, les signes peuvent nous aider à comprendre un peu mieux un bien grand mystère.
Je t'embrasse.

Père Castor.

Les autres lettres de Paul au père Castor :

Sur les Miracles

Sur la Toussaint et les Chrysanthèmes

Sur les anges
Sur la préparation de la confirmation
Sur le goût des hosties

Sur les Cendres

D'après une conversation avec Mgr Jaeger et les confirmands de Saint-Omer le 20 janvier 2010 et une conversation entre l'abbé Petit et les confirmands de l'aumônerie le 06 février