Lettre de Paul au Père Castor - l’Épiphanie
Publié le 2 Janvier 2011
Cher Père Castor,
Maman m'a dit qu'il fallait que je t'envoie une lettre pour te souhaiter bonne année, alors voilà...
Aujourd'hui nous sommes allés à la messe. Papa a eu un peu de mal à se lever, mais comme le papa de maman, et la maman de maman venaient manger le midi et qu'ils aiment pas quand papa et maman ils vont pas à la messe, maman l'a convaincu. Papa il a dit quelque chose, maman s'est un peu mise en colère, puis ils ont mis leurs manteaux et on est partis.
Maman elle avait préparer la galette des rois. J'aime bien la galette des rois, parce que quand c'est maman qui a la fève, elle me choisit toujours moi comme roi. Mais elle gagne pas souvent. Elle m'a dit qu'à la messe je comprendrais pourquoi on dit qu'on fête les rois aujourd'hui.
Le prêtre, quand il a lu, il a parlé de savants venus de loin. Après j'ai pas tout compris. Mais il a pas parlé de rois. Je voulais pas dire à maman qu'elle s'était trompée et que le prêtre il n'avait pas parlé de rois, parce qu'elle se serait mise en colère et qu'elle m'aurait sûrement pas choisi pour avoir la couronne.
Mais alors, pourquoi on fête les rois aujourd'hui ?
A bientôt
Paul
Cher Paul,
Merci de ta lettre et bonne année à toi aussi, avec tous mes voeux de bonheurs.
Je t'en ai déjà parlé dans une autre lettre, quand nous avons parlé de la Toussaint. Souvent la tradition populaire et la religion se mélange. Eh oui, la Bible ne parle pas de "rois", elle parle de "savants" ou de "mages" ; et la Bible ne dit même pas qu'ils étaient trois. La tradition les a qualifié de rois très tôt, et puis l'Eglise, vers le XIIème siècle les reconnait comme roi, des icônes les représentent ainsi ; et leur nombre vient du nombre de cadeaux dont parle Mathieu dans son Evangile. Ce chiffres représente beaucoup de choses, par exemple le nombre de continents qui étaient connus à l'époque, et alors, plus tard, on leur donné trois couleurs de peau différentes.
Et la galette alors ? Non, ce ne sont pas les mages qui l'ont apporté, si tu as bien écouté à la messe, tu dois savoir que c'est de l'or, de la myrrhe et de l'encens qu'ils offrent à Jésus. Mais encore une fois tradition et religion se mélangent. Bien avant les premiers chrétiens, il y avait une fête autour du 6 janvier pour le retour de la lumière, juste après le solstice d'hiver. Les jours deviennent plus longs. Et la galette symbolise ce retour de la lumière après les longues nuits de l'hiver.
Et la fève qui est dedans, ce sont les romains qui l'ont apportée, elle servait à élire quelqu'un (par exemple pendant un repas : un roi du festin...) Le partage de la galette est une tradition toute française, elle est découpée en autant de part qu'il y a de personnes autour de la table plus une, appelée "part du Bon Dieu" et qui est offerte au premier pauvre rencontré...
Mais les Mages qui viennent de si loin, c'est aussi une lumière. Noël, la naissance de Jésus, elle se passe dans la nuit, dans l'intimité, la simplicité et la discrétion. Seuls des bergers, les pauvres du temps de Jésus sont là pour adorer l'enfant. Mais à l'Epiphanie, de riches savants viennent voir l'enfant et lui offrir des cadeaux, Dieu se manifeste au monde, à tout le monde, et même aux païens (les mages n'étaient pas croyants...)
Et encore un point important, Hérode, tu sais le méchant roi de la Galillée, il a rencontré les Mages, et ils leur demandent de le prévenir lorsqu'ils sauront où se trouve l'enfant, pour, à son tour, pouvoir lui offrir des cadeaux. Bien évidemment, Hérode a peur de ce "roi des Juifs" et il veut le faire disparaître. Alors les Mages, qui sont avertis en songe, décident de ne pas retourner voir Hérode, et de rentrer chez eux par un autre chemin.
Peut-être que nous sommes, nous aussi, invité à prendre ou continuer un autre chemin à la suite de Jésus qui vient de naître, invité à être encore meilleurs... Un peu comme des sortes de bonnes résolutions... Tu en as pris d'ailleurs ? Moi les miennes je ne les tiens jamais, pourtant.
A bientôt.
Père Castor.