L'Homme est-il un "animal religieux" ?
Publié le 6 Juillet 2011
Vaste question que nous nous posons là, l'Homme a-t-il besoin de religion, de foi, pour vivre ?
Selon quelques uns d'entre nous, la science, qui fait de plus en plus de progrès, explique de plus en plus de choses qu'auparavant, nous trouvions bien commode que la religion puisse expliquer, puisqu'il n'y avait pas d'explications tangibles de la part de la science. Cependant, sciences et religion ne parlent pas de la même chose. Et les Hommes ont besoin de la religion pour se rassurer, par exemple sur l'après la mort. Ca, la science ne sais pas l'expliquer.
Bien évidemment, nous aurions eu plutôt du mal à élever le débat si un philosophe ne nous avait pas rendu visite ce soir là.
Au 15ème et au 16ème siècle, il y avait de grande questions métaphysiques :"Qui suis-je ?", "Où je vais ?", "D'où je viens ?" que l'on ne pouvait pas expliquer. Auguste Comte (né le 19 janvier 1798 à Montpellier (Hérault) et mort le 5 septembre 1857 à Paris, est un philosophe français), au 19ème siècle introduit le positivisme en se demandant plutôt "De quoi c'est fait ?" Il s'est intéressé à ce que la science pouvait expliquer par l'observation. La connaissance était supposée parfaite de quelque chose lorsque l'on en connaissait la forme, la matière et le but. Cela fonctionne assez bien pour le non vivant, une table on peut en décrire la forme (un plateau et quatre pieds), la matière (supposons qu'elle soit en bois) et le but (poser des choses dessus par exemple pour manger...) Cependant, qu'en est-il d'un arbre ? Sa forme est nettement plus complexe, sa matière aussi et son but ? A quoi peut bien servir un arbre ? A ce moment là entraient en jeu les opinions des scientifiques.
Galilée (physicien et astronome italien du xviie siècle, né à Pise le 15 février 1564 et mort à Arcetri, près de Florence, le 8 janvier 1642) et Descartes (né le 31 mars 1596 à La Haye en Touraine, actuellement Descartes (Indre-et-Loire), et mort le 11 février 1650 à Stockholm, est un mathématicien, physicien et philosophe français) avaient déjà décrit les bases de l'observation scientifique, en s'en tenant uniquement à ce qui pouvait être observé dans une démarche d'enquête, un peu comme Colombo : le scientifique recueille des éléments, puis les confronte et fait ensuite des scénarios, qui tiennent la route jusqu'à ce qu'un nouvel élément, une nouvelle observation, les remettent en cause. La science se remet donc toujours en cause.
Prenons la Création du monde par exemple, l'Homme a d'abord observé que ses terres étaient entourées d'eau, il en déduit alors que le monde est comme une galette avec des terres, entourées d'eau. Puis il se rend compte alors que lorsqu'un bateau par au loin, c'est d'abord la coque que l'on n'aperçoit plus. La terre devient alors ronde (bon, il y a quelques raccourcis là), centre de l'univers avec les astres qui lui tournent autour. Et ainsi de suite jusqu'à la théorie actuelle du Big Bang. Théorie que la plupart des Eglises reconnaissent...
"Mais alors, pourquoi conserver dans la Bible le récit de la Création, avec Adam et Eve, alors que l'on sait bien que c'est faux ?"
Nous y venons justement. La théorie du Big Bang est souvent attribuée à Georges Lemaître en 1922. Il était... prêtre et Belge. Elle est d'abord rejetée par la communauté scientifique, justement parce qu'elle allait trop dans un sens "biblique". La Bible peut être lue de toutes les façons, mais certainement pas au premier degré. On peut supposer que le récit de la Création ne s'est pas réellement passé en 7 jours, et l'on peut se dire que Dieu a mis l'étincelle puis a laissé faire l'évolution. Dans la Bible l'homme vient de la Terre (Genèse 2,7 : Le Seigneur Dieu prit de la poussière du sol et en façonna un être humain. Puis il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et cet être humain devint vivant), image de l'évolution par les hommes qui ont écrit, à leur époque, avec leurs connaissance, la Bible ? Dieu insuffle l'esprit à l'Homme. Puis il crée ensuite la femme, à partir d'une cote de l'homme. La Bible affirme ainsi leurs caractère égaux, différents et complémentaires. Comme nous le disions plus tôt, la Bible a été écrite par des hommes vivants dans leurs époques, et qui tentent décrire ce qui leur est inspiré par Dieu, avec des concepts existants à ce moment là.
Nous avons parlé d'esprit. L'Homme serait donc un animal spirituel, et beaucoup s'accordent là-dessus. Mais il faut d'abord définir l'esprit, pour être bien sûr que nous parlons de la même chose. L'esprit n'est pas l'intelligence dans notre propos. Les animaux peuvent être intelligents, mais ont-ils de l'esprit ? L'Homme, lui, est capable d'empathie et il peut conceptualiser, c'est à dire réduire à un concept (les mots par exemple, ou un dessin simplifié d'un homme avec un trait pour le corps, un rond pour la tête et 4 traits pour les bras et les jambes) des choses, ce qu'un animal sera incapable de faire. Cela ne remet pas en cause l'intelligence de l'animal qui, s'il me voit ouvrir la porte en tournant la poignée pourra comprendre et reproduire le geste.
"Mais, si la science se remet en cause, cela veut-il dire que la religion non ?"
Au contraire, la religion se remet en cause, regardez Vatican 2 ! Et souvent avec des clashs importants (le schisme entre les protestants et les catholiques...) Elle se remet donc en cause de façon collective mais aussi personnelle. Chaque chrétien se remet en cause et avance ainsi dans la foi.
"Mais alors, quelle différence entre la religion et une secte ?"
Les religions ne sont-elles pas des sectes qui ont réussi ? C’est un peu provocateur, certes, mais quelle est l’étymologie du mot « secte » ? Ce mot vient du latin « Secta », qui a pour définition une voie que l’on suit, terme dérivé du verbe « sequi », qui signifie suivre. Selon certains étymologistes, ce mot pourrait venir du verbe latin « Sectare », qui signifie couper. Il faudrait donc plus parler de dérives sectaires que de sectes. Dans beaucoup de religions il peut y avoir des dérives sectaires, prenons pour exemple les Légionnaires du Christ, longtemps appréciés de la papauté et récemment remis sur le droit chemin par le Pape Benoît XVI.
Tout n’est qu’une question d’équilibre finalement.
En fait, on n’a pas vraiment répondu à la question de départ, mais qu’importe…