L'histoire de Leuk Le Lièvre

Publié le 15 Janvier 2010

Leuk le lièvre-copie-1

Avant d'interviouver Damien, chacun de nous s'est demandé ce qui l'avait marqué dans cette vidéo, l'histoire de Leuk le Lièvre... Finalement on n'a pas appris tellement de cette histoire de Senghor, mais tant de ces rencontres entre les jeunes de l'AES et les enfants Sénégalais...

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Ce qui me touche, c'est que vous faites ce voyage vraiment pas comme des touristes. Si vous l'aviez fait ainsi vous n'auriez certainement pas rencontré autant de gens.
Les gens ont vraiment l'air gentil et surtout respectueux... Ils se lavent les mains avant de lire les livres. C'est drôle. Nous on n'y penserait même pas.
Dans le conte, les petits et les grands sont intéressés par l'histoire ; je ne sais pas si moi, ados, je m'intéresserais comme ça à une histoire plutôt pour enfants.
Deux images restent, enfin, deux images drôle je trouve, le baobab et l'âne...
Ce qui me frappe c'est la maigreur des gens, le village ne semble vraiment pas riche, pourtant ils ont l'air joyeux.

Puis Damien réagit...


Pour le respect c'est vrai, les gens là-bas sont très respectueux. Le Sénégal est un pays particulièrement réputé pour l'accueil, nous étions 15 à partir, alors vous pensez bien que toutes les familles -ah oui, il faut savoir que nous logions en famille avec les jeunes- ne pouvaient pas accueillir l'un de nous. Eh bien ils en étaient malheureux de ne pas pouvoir loger un français.
Pour certains d'entre eux, nous, Français, hommes blancs, nous étions des curiosités. Ils n'en avaient jamais vu... Nous étions blancs, et avions des poils. Je me souviens d'une anecdote, c'était en 1998, les Français venaient de gagner la coupe du Monde de football, et les Sénégalais avaient voulu faire un match. Autant vous dire qu'on s'est pris une sacrée raclée... J'étais le seul accompagnateur masculin du groupe. Ils couraient dans tous les sens et moi, j'avais du mal à suivre alors je faisais des pauses sur le banc de touche. Des enfants s'approchaient de moi, un peu peureux, ils me touchaient les poils et repartaient en courant... Ils n'en avaient jamais vu autant...

Rires...

Enfin, tout ça pour dire qu'il y a un grand respect, respect de la hiérarchie, mais aussi de l'étranger qui arrive. On pourrait peut-être comparer avec les migrants qui viennent chez nous...

Vous parliez des gens maigres. Au Sénégal les habitants du village mangeaient toujours la même chose. Le climat du pays est plutôt favorable, il permet plusieurs récoltes dans l'année. Ce sont les femmes qui préparent tout. Et il faut bien se rendre compte qu'il n'y a pas l'électricité ni l'eau courante. Il faut faire 200 mètres pour aller au puits, plonger le saut, le remonter plein, le vider dans une bassine puis recommencer, et enfin revenir... Et elles réservent la viande pour les Français.
A ce sujet, Je me souviens de quelque chose qui m'a marqué en Côte d'Ivoire, là, les habitants avaient prévus un grand buffet pour nous. Nous avions mangé. Mais en avions laissé dans les plats tellement il y en avait. Des enfants étaient venus en prendre, ils avaient faim. Mais des adultes les en ont empêché. C'était notre nourriture, ils ne devaient pas y toucher. On a voulu intervenir, mais vous savez, ce n'est pas tellement facile. Pourtant là-bas il n'y a pas d'enfant qui pleure...
Dans le film, on ne voit pas d'hommes, ils sont tous aux champs. Ils ne restent que les femmes et les enfants. Mais ne croyez pas qu'elles ne font rien, il y a la lessive, les repas, l'entretien... Et comme je l'ai déjà dit, il n'y a ni électricité ni eau courante... Pas facile.

Pour le baobab et l'âne, ils sont tous les deux importants dans le village. Vous avez pu voir qu'il n'y a pas de voiture, alors les gens se déplacent à pieds ou à dos d'âne.

- Et le cheval ?

Le cheval c'est pour les riches, il n'y en a pas dans les villages. Et le baobab, on en voit un dans le film, c'est un peu un arbre planté à l'envers, on a l'impression que les racines vont vers le ciel. Le village se rassemble autour parfois.

Face aux livres les réactions étaient drôles parfois. Dans le film ont voit une vieille femme qui tient un livre, et elle l'observe comme pour découvrir comme il est fabriqué. Elle ne le lit pas, elle n'a certainement jamais eu de livre entre les mains. Pour certains enfants c'est la même chose. C'est pour ça qu'ils ont un grand respect à tenir un livre...

- C'est vrai que pour nous c'est tellement banal que finalement ont n'y fait plus attention, et on ne se rend pas compte de la chance que nous avons...

C'est vrai, le manque amène le respect. C'est un peu comme l'école. Le rêve des tous les enfants des pays pauvres, c'est de pouvoir aller à l'école, quand le vôtre c'est plutôt d'en partir le plus vite possible... il y a tellement d'enfants qui veulent aller à l'école, que parfois il faut faire des écoles à double flux, la moitié des enfants vient le matin, l'autre l'après-midi. Et ils aimeraient y venir toute la journée. Les garçons vont plus longtemps à l'école, les filles s'arrêtent en CM2 et ensuite vont aider leurs parents. En même temps l'école est payante, ce n'est pas pris en charge par l'état comme dans l'école publique en France.

- En fait, il faudrait construire des écoles gratuites pour tous là-bas...

L'accès aux livres, que nous leur proposions, est un accès au savoir, et donc à un métier, à la liberté en quelque sorte...

Silence.

- Quel serait votre meilleur souvenir au Sénégal ?

C'est une question super difficile ça... En choisir un seul ?
Bon, ce n'est pas vraiment un souvenir, mais bon, ça m'a marqué. Vous vous rappelé qu'il n'y avait pas d'électricité. Dans un village il n'y avait qu'un générateur dans tout le village, son propriétaire avait une télé, et dès qu'il l'allumait tout le village venait voir.
Le soir, en Afrique, il fait vite nuit noire, nous ne sommes pas loin de l'Equateur, alors les habitants du village sortaient avec leurs lampes tempête et, les hommes d'un coté, les femmes de l'autres, ils s'asseyaient en cercle pour parler, discuter.
Le réseau électrique avait été installé, il y avait tous les poteaux et les fils, mais le politique du coin attendait une élection qui approchait pour abaisser la manette qui offrirait l'électricité à tous. Ainsi il était sûr d'être réélu. Dans la maison où j'étais, ils avaient déjà acheté la télé ! L'électricité allait faire basculer leur vie et ils ne s'en rendaient pas compte. Ce qui moi me semblait tellement beau -s'asseoir pour parler une heure ou deux- allait sûrement disparaître au profit de la télé. Ca allait bouleverser leur vie.

- Oui, mais peut-être qu'ils sauraient résister... Nous, nous sommes comme ça mais nous n'avons jamais connu un temps sans télé ou on discutait sur la place...

Oui, peut-être... Mais, bon, je vais dire ça pour te provoquer un peu. Aujourd'hui, beaucoup d'entre vous on des portables... Steeve en a un en tout cas...

Rires

Alors qu'il y a trois ou quatre ans vous n'en aviez pas, et alors si vous vouliez voir un ami, vous preniez votre vélo et vous sortiez jusque chez lui. Aujourd’hui vous restez dans votre chambre et décrochez votre portable. Tu vois...

Silence

- Est-ce que les enfants savent lire ?

Non, ils ne savent pas tous lire. Vous avez vu, dans le film, il y a une jeune Sénégalaise devant la palissade. Elle traduisait l'histoire pour les plus jeunes, en Wolof, la langue couramment parlée, même si le français reste la langue officielle. Par rapport à ce que j'ai dit tout à l'heure sur l'école, ce sont les hommes qui parlent français...

- Qu'est-ce que tous ces voyages vous ont apporté ?

C'est variable selon les expériences, tu sais... Pour moi c'est un émerveillement permanent ; on découvre e ton comprend mieux le pays et ses habitants. Tant qu'on n'est pas allé, on ne peut pas vraiment comprendre. Et puis bon, j'ai pas mal appris à relativiser, je n'ai pas de montre, pas de portable ; le temps n'a plus d'importance pour moi. Je suis prof, eh bien je finis mon cours quand la cloche sonne. Ca me rend heureux.
J'ai appris la patience, quand on pose une question à un Africain, on ne sait pas toujours quand il va nous répondre, ça peut être tout de suite comme bien plus tard...
J'ai appris la solidarité aussi, par tous les habitants du village. Si quelqu'un se retrouve sur le trottoir, il y a tout de suite quelqu'un pour l'inviter à manger, pour l'aider... On ne fait plus tellement ça chez nous.
J'ai encore appris que l'eau est quelque chose de précieux, rappelez-vous l'histoire du puits.
Le voyage permet de relativiser, réellement.
Quand on revient, avec les jeunes, c'est très important de les accompagner. Parfois il y a des clashs avec leur famille, ils ne sont pas d'accord avec leur façon de vivre. Quand ils retournent dans un supermarché, où tout est à portée de main et de porte-monnaie, c'est dur quand on revient d'Afrique.
Ca ne veut pas dire que la société africaine est mieux que la société française, ce n'est pas ce que je veux dire. L'une et l'autre sont comme elles sont, nous avons peut-être oublié certaines choses simples ici.

Rédigé par Notes d'Amélie

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E
<br /> je n'ai pas bien compris quelle servise lui rend t il<br />
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A
<br /> faut bien commencer a ecrire je m' ennuie et puis françois ma demander de metre des com et ba je le fais mm si j' ai un peu la flemme ^^ sa passe le temps :p bon vais dodo tious<br /> <br /> <br />
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P
<br /> je voudrai remmercié tout ceux qui ont organisé cette soirée et un grand merci a Damien<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Petite discussion d'après rencontre :<br /> - C'était super intéressant, en plus il est captivant.<br /> - En même temps c'est normal il est prof de français.<br /> - Oh, tous les profs de français ne sont pas captivants...<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Voici la réécriture des notes d'Amélie agrémentées de mes souvenirs de la rencontre de ce soir avec Damien autour des projets de l'AES et de la rencontre des autres cultures... On attend les<br /> articles de Clara, Naomie et Julia...<br /> <br /> <br />
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