Catholiques Anonymes (tome 1)
Publié le 1 Juillet 2012
L'article qui va suivre n'a rien à voir avec le livre de Thierry Bizot (en vente ici, mais ne dites pas que j'ai fait de la pub !) du même nom (oui, oui, j'ai voulu faire un article un peu culturel) ni même avec le film qui en est issu (Qui a envie d'être aimé ?) que je vous conseille toutefois (à regarder dans le cadre familial uniquement...)
Non, rien à voir ! Pourtant, après bientôt 10 mois de cheminement vers la confirmation, nous étions souvent anonymes les uns pour les autres, comme nous l'avons bien remarqué !
- Bonjour, merci de m'accueillir, je suis ici parce que je veux trouver une étincelle pour éclairer à nouveau ma foi.
- Moi, j'aimerais aller plus loin dans mes questionnements, trouver quelques réponses et surtout, passer du temps avec tout le groupe, échanger, partager avec tous !
- J'aimerais que cette retraite soit un temps d'écoute et de partage fort, pour m'enrichir encore et faire grandir toutes ces graines que nous avons plantées.
- Je voudrais vous partager cette expérience, voilà quelques temps que je me suis mise en route vers la confirmation. Ca paraissait loin, le GPS (Guidés Par le Seigneur) n'avait pas été très précis sur toutes les routes à prendre, qui étaient si nombreuses. Ma foi a souvent été ébranlée par les coups de bûtoir de la vie...
- Bon, euh... moi je ne sais pas bien ce que je fais là, je me suis perdue je
crois. J'ai quatre points noirs sur mon dos écarlate. J'ai été nommée Lucie, pas par mes parents, ils m'ont quittée très tôt, et ce n'est pas dans nos habitudes de donner des noms à leurs
rejetons. Mais, voilà, allez savoir pourquoi, je me suis retrouvé accrochée entre les poils du bras d'un bipède parlant. C'est un peu flippant quand tu as le vertige, comme moi, parce que quand
il marche, le bipède ne prend pas garde à te garder dans le creux de sa main pour que tu soies bien au chaud et en sécurité. non, rien à faire de tout ça. Pas dit même qu'il ait perçu ma
présence. Mais moi je m'accroche ! Est-ce qu'une coccinelle croit en Dieu ? Je sais pas, le Dieu des coccinelles n'existe certainement pas, mais le leur semble le Dieu de toute la Création, alors
je dois en faire partie. Et comme je suis une coccinelle curieuse, je m'intéresse. Mais je m'égare, je m'égare.
"Bref, c'est sur le bord d'une table en bois, entre deux sandwiches et une boîte de taboulé en vente que j'ai découvert ce troupeau de bipèdes bruyant et rigolard. Vous pourriez vous étonner de ma parfaite maîtrise de la langue française. Mais je vous l'ai déjà dit, je suis très curieuse et j'apprends très vite. Après la table, accrochée au poil, nous avons pris la route à travers champs (cherche ton chemin, parait-il, sûrement une expression couramment usitée chez ces bipèdes.)
"Arrêt dans une patûre fraichement tondue, les ballots de foin encore soigneusement non alignés et vêtus de blancs. Les bipèdes s'égayent et s'allongent dessus pour réfléchir à un oeuf sur le plat. Je tente de lire, mais je ne vois pas les couleurs comme les bipèdes, alors je ne suis pas sûr de tout bien comprendre. Ce que j'entends, c'est que le temps en solo devient vite une discussion entre ballots, puis un saute-ballot et enfin une activité de peinture sur ballots. L'oeuf, c'est le groupe dans lequel ils sont, comment ils s'y sentent, ses forces, ses fragilités, ce qu'ils ont reçu ou ce qui leur a manqué depuis qu'ils sont partis. C'est vachement intéressant ce qu'ils écrivent. Je décide de les suivre un peu plus.
"Traversée d'une ferme. Privée, mais personne n'est là. Juste un chien, j'ai peur des chiens, je m'agrippe en serrant les dents au cheveu de la jeune bipède qui a accepté de me recueillir. Le cheveu vole au vent, pas facile de se tenir. Ils s'arrêtent encore dans les blés, s'y roulent, je manque de perdre l'équilibre et me ratrappe à une chaussure au moins taille 49 ! C'est large et confortable, je resterais bien là un peu. Assis deux par deux, ils prennent le temps de parler de leur foi en ce Dieu qui pourrait être des coccinelles, de ce qui l'a bousculée. Ils s'écoutent réellement, sans intervenir, sans donner leur avis. Je tente de faire entendre le mien, mais quand j'arrive à hauteur, il y a toujours un doigt pour me redescendre.
"La pluie arrive. Je m'abrite sous un lacet, les bipèdes remontent leur col (j'aime celui à petites fleurs bleues, mais je n'arrive pas à l'atteindre, il
bouge tout le temps !) et râlent un peu... c'est ça d'avoir l'habitude d'un toit, on devient perméable !
"Retour dans le grande maison aux briques rouges pour manger. Des asperges ! C'est bon les asperges !
"Assis autour d'une estrade, ils rigolent, s'esclaffent, se tapent sur les genous et crient. Un homme qu'on appelle évêque chez eux est là, enfin, un faux si j'en crois sa mitre et sa crosse en gobelets plastiques. Ils parlent d'une célébration de la confirmation d'un de leurs amis. Une jolie jeune fille à cheveux blond (elle est trop grande, j'ai pas encore réussi à monter jusque là, en plus ce serait pas discrêt, le rouge sur le blond, ça jure) dit que la messe était pas mal, mais franchement qu'ils avaient été radins sur les gateaux apéro qui manquaient en plus un peu de sel, ils n'en avaient eu qu'un !
"La nuit est là, je suis fatiguée, oui, bien sûr, vous direz que j'ai pas vraiment fait d'efforts, je me suis laissée porter toute la journée, mais quand même, c'est fatiguant une vie de coccinelle. Ils terminent autour d'une croix, en chantant et en silence, parlant de doutes et de foi...
"C'est depuis ce jour-là que moi aussi je doute. Je doute de ne pas croire en fait !