Bibi (un commentaire sur Marthe et Marie proposé par la pastorale de la famille)
Publié le 9 Octobre 2011
Pas toujours facile à comprendre le Jésus ! Sans cesse, il demande à chacun de se faire serviteur. Hier encore, on l’entendait faire l’éloge d’un Samaritain qui déployait toute son énergie à faire le bien. A chaque fois que Jésus prend la parole, c’est pour encourager les personnes à se rendre disponible, soigner les malades, visiter les prisonniers, aider les personnes… En un mot, rendre service !
Voilà que Marthe fait ce que Jésus demande, elle applique son enseignement à la lettre : elle prépare la table, elle fait la cuisine, elle sert et dessert les plats… Avant ça, elle a cueilli des fleurs dont elle a fait un joli bouquet qu’elle a placé délicatement sur le petit meuble de la télé. Elle a repassé, plié et rangé tout le linge qui traînait sur le fauteuil du salon. Elle a même lavé les carreaux, alors qu’elle a horreur de ça à cause de la texture de la peau à vitre, enfin la peau de chameau. Bref, autant dire qu’elle a tout fait pour que son hôte se sente accueilli. Jésus est son ami, et elle veut lui montrer !
Marie aussi est l’amie de Jésus. Mais elle, elle exagère. Depuis que le Maître est arrivé, elle est assise à ses pieds et elle l’écoute. Tiens d’ailleurs, il est de nouveau en train de raconter cette histoire du Samaritain. Ça a le don d’agacer Marthe. On l’entend marmonner près des marmites :
- « Au lieu de s’extasier devant la bonté de l’étranger sur le chemin de Jéricho, ma soeur ferait bien de prendre le chemin de la cuisine. Parce que, qui a cuit les haricots ? C’est Bibi ! Qui a cueilli les coquelicots ? C’est Bibi ! Et qui est-ce qui a rangé les tricots, c’est encore Bibi ! C’est Bibi, c’est Bibi, c’est Bibi and Co ! Mais qui c’est qui profite de mon boulot ?
- C’est Marie ! » répond l’écho.
Pas très sympa l’humour de Jésus ! On dirait bien qu’il se moque d’elle. Marthe s’active depuis le début de la matinée, et tout ce que Jésus trouve à faire, c’est de prendre le parti de sa soeur.
- « C’est Marie qui a choisi la meilleure place, elle ne lui sera pas retirée. »
Bibi en reste baba !
- « Ah, ça c’est sûr qu’elle a choisi la meilleure place ! Moi aussi je préfère écouter la Bonne Parole plutôt que de la mettre en pratique ! »
Sauf que, justement, Bibi-Marthe ne l’écoute pas vraiment et donc elle ne la met pas vraiment en pratique. Le constat est dur. Si elle écoutait jusqu’au bout les propos de Jésus, elle entendrait autre chose encore. Bien sûr qu’il y a la dimension du service, de la disponibilité aux autres. Mais cela repose sur un état d’esprit.
- « Evite l’ego ! » dit encore l’écho.
L’écho n’a pas tort : quand on pense ‘Bibi’, c’est soi qu’on regarde, c’est soi qu’on écoute ! Marie, elle, se décentre. Elle écoute et s’émerveille devant la grandeur de son ami. Bien sûr qu’il faut l’accueillir. Mais justement, l’accueil repose sur l’écoute profonde, absolue. Marie n’est pas dans la répétition, dans l’organisation, la régulation. Elle n’a pas le pouvoir sur les choses. Sans être bigote, elle accepte d’être dépendante de celui qu’elle finira par servir plus humblement.
Marie est comme un enfant, un bébé qui attend tout de ses parents. Elle contemple la prière du Maître, chacun de ses mots. Quand il prie le Père, il dit « Abba », et elle comprend que c’est beau !
Abbé Xavier