Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde
Publié le 1 Juillet 2009

Puis lit son homélie préparée avant : Jésus ne dit pas d’abord « toi », « tu », « moi », Il n’évoque pas mon destin personnel, unique, Il dit d’abord « vous », un « nous » ensemble. Nous qui courons le risque, et c’est grave, d’être jetés dehors, de n’avoir aucune valeur, ou de même pouvoir être étouffés si nous ne remplissons pas ce qui nous définit, une mission, un boulot. En fait, il s’agit de la terre et du monde, voilà ce qui intéresse Dieu, voilà ce à quoi Il va nous adresser, nous habiliter. Il nous situe dans la terre, pour la société, pour l’histoire. Nous sommes situés dans une aventure qui nous dépasse, mais où il est essentiel que nous tenions notre place, sinon, non seulement cette aventure capotera, mais nous serons passés à côté de nous-mêmes.
Le christianisme est une religion cosmique, une religion du politique, une religion pour le destin de l’humanité, nous sommes une religion de l’écologie, parce que le dessein de Dieu est, dès l’origine, un dessein de création, un dessein d’alliance, un dessein de rédemption, collectif ; il s’agit, comme le dit Paul, de tout ramener sous un seul chef, le Christ, plérome, plénitude de tout vivant.1
JEUNE 1 : Arrêtez, je ne comprends pas. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de « tu », de « toi » ou de « moi » ? Quel rapport avec ce texte ?
PREDICATEUR : C’est pourtant bien simple. Ca parle de l’Eglise, le christianisme c’est une religion cosmique, politique et écologique, qu’est-ce que tu ne comprends pas ?
JEUNE 2 : Attend, je suis pas sûr de pouvoir tout bien t’expliquer mais en gros ça doit vouloir dire que dans ce texte, Jésus ne s’adresse pas qu’à toi tout seul. Il parle à chacun de nous, donc un peu à toi aussi ! Ce n’est pas un vous genre tout le groupe, sinon on se dirait que ce n’est pas très grave si je ne suis pas sel ou lumière, les autres le seront pour moi. C’est un peu comme à la fin d’un concert, quand tu te dis que tu n’applaudis pas parce qu’après tout il y a déjà bien assez de monde qui le fait ! C’est bien ça ? [il se tourne vers l’PREDICATEUR pour guetter son approbation]
PREDICATEUR : C’est ce que je voulais dire tout à l’heure. Jésus, quand il a dit ça, à son époque, il s’adressait à tous ceux qui le suivaient, à ses disciples. Matthieu, lui écrivaient pour les premières communautés chrétiennes, et aujourd’hui c’est à nous tous qu’il est annoncé, ce message, à tout ceux qui croient au Christ.
JEUNE 1 : Cool, je crois que j’ai compris le premier mot du texte, le sujet ! A cette vitesse j’y suis encore ce soir pour tout comprendre. Mais après, il parle du sel et de la lumière. Je ne comprends pas trop. Le sel, c’est dans la cuisine et la lumière c’est dans les ampoules. Et puis franchement, je suis assez loin d’être une lumière moi !
PREDICATEUR : Justement, on aimerait certainement qu’il nous dise que nous sommes brillants, plus intelligents que les autres. Mais non !
JEUNE 2 : Je me rappelle cette année, avec l’école j’ai été voir une pièce de théâtre. J’avais été impressionné par le travail de celui qui s’occupait des lumières. Il attirait l’attention sur ce qui se passait de vraiment important sur scène. Il participe vraiment à la réussite de la pièce en fait car sinon on regarderait dans toutes les directions sans regarder ce qui vaut vraiment le coup d’être vu. En fait, c’est encore ce que nous demande Jésus. C’est pas facile, mais par tout ce que nous faisons, comment nous vivons, nous pouvons attirer l’attention sur ce qui compte vraiment dans le monde ! C’est comme un phare, en pleine mer, il est important dans la tempête, c’est un repère, un guide.
JEUNE 1 : Ouais, au caté on comparait souvent notre foi avec une petite bougie qui parfois vacillait, qui n’était pas toujours très forte. Mais notre petite lumière, toute seule, elle ne peut pas faire grand-chose.
JEUNE 2 : C’est clair, et c’est là que c’est important que nous soyons plusieurs à porter chacun une petite lumière et à la faire briller. Et puis, en fait, le bon Dieu, il n’aime pas trop les gros projecteurs qui nous aveuglent, qui nous empêchent de voir. Cette petite lumière, il n’y a que nous, que toi, qui peux la faire luire, personne d’autre à ta place.
JEUNE 1 : Bon, pour la lumière je vois à peu près, on essaye d’éclairer tous ensemble, avec ce que nous faisons, ce que nous disons, les belles choses, les choses importantes, et tous ensemble, en gardant allumées ces petites flammes on rend notre monde plus lumineux, plus beau. Mais le sel alors, qu’est-ce qu’il vient faire dans cette histoire ?
JEUNE 2 : Y’avait un prêtre que je connaissais qui expliquait ça assez bien je crois, si je me rappelle. Il comparait Dieu à un grand cuisinier. Ca ne t’est jamais arrivé que tes parents invitent des amis à manger, ils préparent un super repas, un truc qui semble vraiment très bon. Et puis, quand tu commences à manger, ça semble fade, et là tous les invités semblent un peu gênés. Puis ta mère s’exclame « J’ai oublié le sel ! » Ca t’est déjà arrivé ? Bah Dieu lui n’a pas oublié le sel. Il a rajouté la petite pincée qui fait la différence ! Une pincée d’humanité qu’il disait le prêtre.
PREDICATEUR : Il ne faut pas oublier que le sel était aussi utilisé autrefois pour conserver les aliments, c’est le signe de quelque chose qui dure, comme Dieu qui est toujours présent !
JEUNE 1 : Ok alors je comprends un peu mieux toute cette histoire de sel et de lumière. Mais c’est une sacrée responsabilité quand même. Des fois j’ai vraiment pas envie moi !
PREDICATEUR : Ca arrive à tout le monde de se lever le matin avec un goût fade dans la bouche, de n’avoir envie de rien, ou de se coucher le soir en ayant l’impression d’avoir raté quelque chose dans la journée, que tu aurais mieux fait de rester au lit. Il s’agit de voir toutes les choses autour de toi qui ont une vraie saveur, et que toi aussi tu te prennes au jeu. Le sel se diffuse dans les aliments, comme le bonheur. Quand tu décides de partager ton bonheur, il y a quelque chose qui passe par toi et qui va rejoindre d’autres petites lumières. Ca vous est déjà arrivé non ?
JEUNES 1 & 2 : Euh…
PREDICATEUR : Il s’agit de chacun et de chacune avec le goût de l’amitié, le piquant qui réveille, de la parole juste, du courage. C’est chacun, avec cette petite lumière fragile que l’on a reçu des yeux d’un ami ou d’une amie, cette petite lumière pas si facile à maintenir allumée dans les courants d’air et qu’il faut souvent ranimer, avec la cire un peu brûlante qui coule parfois sur la main, et combien nous sommes heureux en aumônerie, en équipe, à Taizé d’en faire, à plusieurs, un buisson ardent.1
1 - Catéchèse de Monseigneur François blondel, évêque de Viviers - Sur le site inXl6 : http://www.inxl6.org/article539.php
D'après la revue Croire Aujourd'hui Jeunes Chrétiens n°10 - Décembre 2001 - Janvier 2002