3 petits cochons à la marche d'Amettes
Publié le 8 Septembre 2010
Moi, au départ, je devais pas être là, j'avais prévu un barbecue avec des amis de la Bonne Fourchette Porcine, mais bon,
l'agence d'intérim m'a appelé pour remplacer Arthur au pied levé, lui-même remplaçait le pianiste d'un groupe de jeunes musiciens, alors il ne pouvait plus faire ce pourquoi on l'avait engagé au
départ. Bref, toujours est-il que moi, Anatole Pigue, porc de mon état, à la peau rose et au groin humide, je me suis retrouvé aux cotés d'Alphonse et de Nestor, deux copains avec qui on a fait
les 400 coups, dans une sombre histoire d'entreprise en bâtiment, de loup et où intervenait un certain Mathieu qu'apriori je n'ai pas pu connaître.
Je me suis fait payer des heures supplémentaires, ils ont eu une demi-heure de retard. Alors moi, qui étais bien dans mon
personnage de petit cochon construisant une maison en bois, eh bah j'ai réclamé. Oh, ils n'ont pas tergiversé longtemps. Ils devaient se douter que de toute façon ils ne pouvaient pas faire sans
l'Anatole, et puis ce devait être une super grosse organisation : il y avait au moins 5 personnes qui y travaillait, un groupe de musique super balèze (bah ouais hein, y'avait Arthur dedans, et
Arthur c'est un bon copain qui joue super bien du clavier, même qu'il arrive à imiter les applaudissements avec…), des livrets brochés avec des dessins et même des tissus sur le sol pour pas
salir les petites fesses de ces humains qui les protègent déjà d'un pantalon, sont vraiment douillets. Alors mon heure supplémentaire (ah bah oui hein, toute heure démarrée est une heure
terminée) c'était une goutte d'eau pour eux.
Mais revenons à notre histoire… Nestor, moi et Alphonse nous construisions une maison, mais pas tous avec les mêmes matériaux. Je suis un peu passé pour le babache, mais moins que Nestor alors ça va. Lui il la faisait en paille, moi en bois et Alphonse en brique. C'était celle d'Alphonse la mieux. Et puis le loup il tentait de nous manger mais on arrivait à s'enfuir alors qu'il détruisait nos maisons. Une jeune fille lui a même, par pitié ou charité, je ne sais pas, donné un bout de son sandwich au jambon. Et la seule maison qu'il n'a pas détruite, c'est celle d'Alphonse. Il est très fort Alphonse.
Ca reprenait une autre histoire d'un autre livre ou un mec qui s'appelait Jésus disait qu'il fallait bâtir sur du solide parce que sinon les tempêtes détruisaient la maison. Lui il ne parlait pas de cochons. Faudra que je lise ce livre un jour, ça peut être intéressant.
Il y avait 150 jeunes au moins qui étaient là, plus quelques familles et des chiens aussi. Les chiens, j'aime pas trop, ils ont tendance à planter leur crocs dans mes jambons. Mais ceux-là étaient très gentils, y'en a un qui jouait les matadors mais quand il s'est trouvé face à deux vaches il la ramenait pas ! Je m'égare, je m'égare. Les 150 jeunes donc sont partis sur les chemins. J'ai regardé les autres ranger leurs instruments, les tissus, les voitures s'éparpiller (ah bah oui, le rangement c'est pas dans mon contrat.)
On les a retrouvés à Aumerval, un peu plus loin au pied de l'église où Arthur s'était installé avec son clavier qui applaudit.
En attendant que tout le monde arrive, les jeunes ont répété des chants pour la célébration d'après. Je ne vais pas souvent à la messe, un cochon parmi les bigotes ça ne fait pas bon effet, alors
on peut dire que je suis catholique non pratiquant par force et non par volonté. Mais quand elle est dehors, rien ne m'empêche d'y assister. Et là sous le soleil avec le vent qui fouette les
oreilles, c'est le bonheur.
Au repas, pas mal de tranches de jambon y passe… Ca fait un peu mal au coeur.
Puis les jeunes repartent, encore en petit groupe, avec brique, bois et paille dans le sac, rappel de nos maisons. Ils doivent, si j'ai bien compris, y écrire leurs faiblesses, leurs doutes et sur la pierre ce sur quoi ils peuvent s'appuyer.
A Amettes, un autre village pas loin, après leur marche, ils me retrouvent pour des goûters. Moi je suis planqué au goûter philo où on parle de Bâtir sur le Roc dans nos vies mais sans approche théologique, super intéressant ! Bon, là c'est du plus, j'ai pas fait payer ces heures là.
Pendant la célébration après je me balade dans le champs en pente, je fait des roulé-boulé sous le regard réprobateur des
fidèles… J'ai déjà eu droit à une messe dans la journée… Mais l'évêque est là alors je tente de ne pas trop me faire remarquer quand même.
18h, je retourne à ma porcherie, jusqu'à ce que l'agence d'intérim me rappelle…