Envoie-nous des fous

Ô Dieu, envoie-nous des fous,
Qui s’engagent à fond,
Qui aiment autrement qu’en paroles,
Qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout.
Il nous faut des fous,
Des déraisonnables,
Des passionnés,
Capables de sauter dans l’insécurité :
L’inconnu toujours plus béant de la pauvreté.
Il nous faut des fous du présent,
Épris de vie simple, amants de la paix,
Purs de compromission, décidés à ne jamais trahir,
Méprisant leur propre vie,
Capables d’accepter n’importe quelle tâche,
De partir n’importe où :
À la fois libres et obéissants,
Spontanés et tenaces,
Doux et forts.
Ô Dieu envoie-nous des fous.

LOUIS-JOSEPH LEBRET,
« Appels au Seigneur »,
Éditions ouvrières/Éditions de l’Atelier,

Comments

[monSeigneur et monDieu]

Bonsoir,
J’apprécie non seulement la rhétorique du texte,
Mais surtout l’appel très adapté à notre contexte.
Car comment répondre à un Dieu si aimant et fou,
En demeurant sclérosé, figé et terré dans notre trou ?
Avant de devenir aveugles, sourds, paralysés, muets,
Donnons nous vivement, un ferme petit coup de fouet,
Et osons être, pour Dieu, fou d’amour, d’espérance, de foi.
Au royaume des multi handicapés de l’affect et plein d’effroi,
Il est bien évident que seuls les plus fous sont et resterons rois,
Si, pour briser le dard de l’orgueil, l’humilité leur sert de carquois.