Marche d'Amettes - "Je vais vous raconter une histoire..."
Publié le 7 Septembre 2008
"Je vais vous raconter une histoire..."
Silence.
Etonnement.
Mais elle nous raconte quoi cette dame en violet, dahlias aux mains ? On a largement passé l'âge des histoires nous !
Le conte prend son envol dans une brise qui murmure à l'oreille un mot que le nouveau-né comprend, mais auquel les autres habitants restent sourds : AIMER !
Qu'est-ce que cela peut-il bien vouloir dire ?
"C'est oser aller vers l'autre", nous interpelle un barbu à la cape et aux vêtements rapiécés qui s'est invité dans l'histoire sans même y avoir été invité... Une
personnalité du coin, visiblement, puisque la conteuse semble le connaître...
Benoît.
"C'est un long chemin" poursuit-il avant de nous inviter à le prendre
Alors, en essayant (avec plus ou moins de succès) d'aller vers ceux que nous connaissons moins, pèlerins d'un jour, nous prenons la route vers la maison de cet
infatigable marcheur de Dieu.
En chemin, les champs de blé fraîchement coupés accueillent une halte.
Aimer, c'est quoi pour toi ?
Partager, faire plaisir, se connaître, accepter nos différences, rencontrer, donner sa confiance et prendre le temps, écouter...
"A Lourdes, en aidant les malades, on fait connaissance, nos vies sont très différentes et on apprend à être tolérant, à s'accueillir." "Tous les jours on rencontre des personnes différentes de
nous, et tous le sjours on essaye d'accueillir ces différences." " En partant à Madagascar avec un groupe d'amis, nous pensions bien nous connaître. Pourtant on s'est découvert beaucoup de
différences, on s'est redécouvert avec ces différences, et nous sommes revenus avec des relations différentes, plus fortes."
Et c'est au tour de Saint-Augustin de nous interpeller : "Si tu es trop attaché à quelque chose de la Terre, tu as comme de la colle sur les ailes, tu n'es pas capable de t'envoler" (le texte entier)
Et nous, qu'est-ce qui nous empêche de nous envoler ?
Un autre arrêt, un peu plus loin, nous permet de grignoter un goûter et de nous asseoir dans une église qui, juste avant, accueillait un mariage. Benoît et Odamée,
la conteuse, poursuivent leur conversation en nous parlant d'un coeur 3 en 1. Un coeur de Feu envers Dieu ; un coeur de Chair envers notre prochain et un coeur de Bronze envers nous-mêmes. "C'est
l'amour qui nous anime, Dieu en est la source !" insiste Benoît avant de nous renvoyer à nos réflexions.
"Qu'est-ce qui t'anime dans ta vie ?"
"Qu'est-ce que l'amour te fait prendre comme engagements ?"
"Qu'est ce que le Christ te donne comme moyens pour aimer ?"
En vrac, on parle de famille, des amis, de
prière, de rencontre, de confiance, de confirmation, de soutien...
Enfin, nous reprenons la route, carte en main car voiture balai devant nous.
La marche est bénie d'une pluie et auréolée d'un superbe arc-en-ciel qui nous guide vers Amettes où chauffent déjà les friteuses. "J'veux du soleil" chantent les musiciens. Un peu plus tard 64
bougies arrivent en procession et atterrissent devant notre évêque.
Le ciel continue de faire grise mine, alors la célébration se fera dans l'église. L'Evangile de Luc nous parle de l'amour d'un père pour son fils (Luc 15), monseigneur Jaeger nous parle
du départ de Marie-Pierre, appelée à un autre service et, dans l'émotion de la laisser partir, elle qui a tant donné, en oublie la bénédiction finale.
Benoît, comme une confidence, nous dit que, sans l'amour, tout ce que nous pouvons faire est vain et que, "lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je
raisonnais comme un enfant ; et une fois devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant." (1Cor 12 - 13)
Espérons que je
n'oublie jamais d'être un enfant pour entendre encore longtemps de belles histoires comme celle de Benoît...
A l'année prochaine...
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