Ti Amzer Zo

Publié le 20 Avril 2012

Quand j'entre dans cette maison, sans sonner puisque j'ai la clef, je me revois quelques années plus tôt, quand j'avais ton âge et que je poussais la porte de l'aumônerie. Ti Amzer Zo on l'appelait, « La Maison où l'on se sent bien ». Et c'est vrai que je m'y sentais bien, affalé dans les canapés blancs en sortant du lycée. Un biscuit, un sourire et un jus de fruit nous y attendait toujours. On parlait avec les copains de la journée qui venait de passer, on se défiait au baby foot -J'prends la gagne- comme toi qui laisse exploser ton enthousiasme chaque fois que la balle de liège rentre dans les caisses. Un vieux baby foot de bar...

Puis on allait faire les courses, imaginant avec notre maigre budget quel repas serait appétissant. Lorsqu'on revenait, les sacs pleins, la maison s'était remplie d'amis que l'on saluait. Le repas se préparait. Il y en avaient qui entraient ou ressortaient, empêchés de rester plus longtemps par quelque activité. Les profs étaient notre sujet de discussion favori, comme vous ici. J'en sais tant sur eux que je n'espère pas les croiser un jour.

On courait ensuite pour se caler dans l'angle du grand canapé qui était confortable, s'envoyant quelques coussins à la figure et tentant d'échapper à la vaisselle, comme toi.

La soirée se poursuivait sur un thème. Les animateurs nous poussaient dans nos réflexions et nos retranchements, avec toujours des points d'interrogations au bout des lèvres. L'école, la vie, la famille, les amis, Dieu, tout y passait, et je m'étonnais de m'ouvrir tant et de me découvrir un avis.

Enfin, on se quittait, les parents nous attendant à la porte dans le noir, discutant avec d'autres parents.

Comment je suis arrivé à pousser cette porte ? La question ne se posait pas, mes parents m'y ont sûrement amené la première fois. J'y avais des amis que je vois encore aujourd'hui, beaucoup de choses se sont nouées dans cette maison, beaucoup de choses ont commencé là.

Aujourd'hui, j'ouvre la porte sans sonner puisque j'ai la clef, mais c'est toujours toi qui m'accueilles, avec tes rires, tes cris, tes doutes et tes joies. Tu m'invites encore à de superbes rencontres, tu me surprends à grandir, partage après partage ; à avoir ton avis et à le défendre, dans le respect de celui des autres.

C'est la même foi, les même rires, les mêmes amitiés que nous partageons et construisons, toi et moi...

Je te vois à la porte, prêt à partir. Tu dis à ton père qui t'entraîne dehors : « je ne veux pas partir, je suis bien ici... » Ce lieu ne s'appelle pas « La maison où l'on se sent bien », mais si nous étions en Bretagne, Ti Amzer Zo serait parfait...

Rédigé par Fañch

Publié dans #Dons de Dieu

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