Tribulations d'un Français en Inde - Delhi

Publié le 17 Janvier 2012

Delhi ! Ville effervescente aux effets parfois inverses de l'Efferalgan. 

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J'ai découvert ce début de semaine que j'avais de nombreux frères et amis que je ne connaissais pas, que j'étais un homme, et même un jeune homme, que j'avais une barbe qui me faisait ressembler à un Indien et que je paraissais fraîchement arrivé à Delhi (ce qui n'était pas entièrement faux...) Pas difficile, quand on se perd volontairement (si si, je vous assure) dans les rues de Pahar Ganj, frontière entre le New et le Old Delhi, supermarché de la capitale où se pressent tous les touristes en grosses godasses de rando ou en sandalettes, dans lesquels je m'inclus, à la recherche de l'exotisme d'un souk.

Invariablement, ensuite, on me demande si j'apprécie l'Inde, comment ne pas répondre autrement que par oui, surtout quand c'est vrai ? Et enfin on me demande d'où je viens (Pierre est assez surpris qu'on ne me demande pas si je suis marié, j'aurais certainement du mal à expliquer en Inde qu'à mon âge je ne le sois pas...) avant de me parler d'un vague cousin, frère, ami qui tient une super boutique là-bas pas loin dans la petite rue où c'est plus calme et où je trouverais sans aucun doute tout ce dont j'ai envie. Le problème est que je ne cherche rien sinon m'enivrer du bruit des klaxons des rickshaws, des sonnettes de vélo, des couleurs des échoppes où tout est "fait main" (c'est du moins ce qui est écrit sur l'entrée) et où aucun prix n'est affiché et dépend certainement de l'acheteur, des couleurs des épices et des charrettes à bois de fruits, de l'odeur des samosas et des aloo tiki (galettes de pomme de terre) qui frétillent dans leur huile au bord de la rue (je sais, je n'aurais pas du me laisser tenter, mais cela semblait si apétissant...), de l'encens que chaque commerçant fait bruler sur son étal...

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photo : Pierre V.

Facile de se perdre dans les rues étroites aux immeubles imbirqués les uns dans les autres comme un immense puzzle. Au détour d'une rue, sur une placette, des singes mangent des bananes que vient de lancer un Indien. Les habitants me regardent regarder un singe qui regarde avec intérêt les habitants qui les nourrissent. Un peu plus loin une vache reste les quatre sabots au sol, effrayée par l'agitation, et un rat tente de traverser désespérément la rue, évitant les chaussures, les rickshaws, les sabots des chevaux qui sont chargés de pierre... Les minarets s'étirent vers le ciel et à heure fixe les muezzins appellent à la prière. Krishna, Allah, le Dieu des Sikhs et des Chrétiens se côtoient et se mélangent dans les rues.

 

Lorsque je suis trop fatigué, j'utilise les sous-terrains qui passent sous les rues plutôt que d'affronter les voitures en surface. Traverser une rue, en soi, est une petite attraction à sensation par ici.

 

Je m'échappe vers Old Delhi, le quartier m'offre un peu de répit, je suis toujours le touriste et l'étranger, mais on cesse de me le rappeler en permanence en voulant me proposer de me transporter sur un vélo rickshaw (j'ai mal pour les pilotes de ces rickshaws, debout sur les pédales tirant de 1 à 3 voire 4 personnes derrière eux. Embouteillages de piétons et de vélo. Improbable Delhi qui offre de multiples facettes comme les replis d'un vêtement qui cache des détails que l'on découvre au fur et à mesure avec joie. Une constante tout de même : le bruit et le monde, les aigles et les pigeons.

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La nuit arrive. Des petites lumières à gaz poussent sur les petits étals, des feux de bois éclairent un bout de trottoir. Il est temps de rentrer, de se faire fouiller à l'entrée du métro (des fois qu'on porterait une bombe), d'attraper de quoi manger le soir puis de rentrer à l'appartement faire chauffer le baquet d'eau pour la douche...

Rédigé par AEP Saint-O

Publié dans #Souvenirs... Souvenirs...

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