Le bruit des souvenirs

On a repeint la porte.

Elle a retrouvé son éclat d'avant. D'avant ses mains qui la poussent, ces pieds qui la tapent, ces clefs qui l'ouvrent.

On a repeint la porte, mais quand je l'ouvre, la maison est vide. Elle résonne encore d'éclats de rire qui se sont cachés tout l'été dans chaque recoins. Nos discussions et débats continuent entre les murs, les fenêtres sont ouvertes et dans l'oratoire des chants et quelques accords de guitare prient encore.

Les tables se souviennent des coudes appuyés, des crayons essayés pour en trouver un qui fonctionne.

Les panneaux sont peints de notre foi, les murs tapissés des photos d'hommes nageant à contre courant, de ciels bleux et de bougies.

Dans la tisanerie, les gamelles sentent l'odeur des carbonaras et de nos desserts spirituels.

Tout est là, les souvenirs aussi. Ils sont restés pour nous donner envie de les retrouver, de les caresser encore...

On a sonné à la porte !

Les rires reviennent ce soir. Ils ne sont jamais partis ! Les canapés qui se souviennent de l'acétone reprennent du service, les animateurs de la voix. On partage nos vacances, nos joies, notre rentrée, nos classes et nos profs.

On prend le temps de s'écouter, un peu, beaucoup et de se retrouver.

On prend le temps de noter quelques dates sur un coin d'agenda, un smartphone, la paume d'une main, persuadés qu'on ne les retiendra pas. Qu'à cela ne tienne !

On a ouvert la porte.

Elle n'a jamais été fermée.