Il ne s’agit pas de revivre mais de vivre.
La Semaine Sainte n’est pas une commémoration plus ou moins sensible d’événements du passé qu’il nous faut revivre avec émoi.
Le rappel de la Passion de Jésus n’a pas pour but de nous apitoyer sur l’horreur de son supplice, ni de nous faire nous lamenter sur nos péchés,
responsables de sa mise en croix.
La Parole de Dieu est pour toi maintenant. Elle te concerne, parle de toi, de ce que tu vis avec Dieu concrètement dans ce monde.
La liturgie des Jours Saints, la Parole de Dieu, sont là pour servir ta propre vie.
Jésus, Fils de Dieu, figure et modèle, est la voie, la vérité et la vie.
Nous, configurés à lui, vivons ce qu’il a vécu.
La croix est une réalité de l’existence de celui qui marche avec Dieu.
Notre passion peut sembler pâle comparée à celle de Jésus, moins dramatique, mais elle n’en est pas moins réelle, de même que notre
résurrection.
Nous lisons le dimanche des Rameaux et le Vendredi Saint la fin tragique du Christ. Mais sa Passion débute bien avant, elle est de toujours. La
nôtre également. Critiques, oppositions, mépris, incompréhensions, menaces, harcèlements, abus… Ne sommes-nous pas nous aussi dans le don total de notre vie, corps et sang
?
Notre vraie et profonde émotion vient surtout de la grâce qui nous est faite : ses mains tendues, la parole au larron, la révélation absolue d’un
amour sans réserve. Notre compassion a aussi sa source dans ce que nous nous reconnaissons en lui : vendu, insulté, enchaîné, battu, dénudé, le cœur transpercé, humilié, laissé
par ceux qui soi-disant étaient amis.
Même si nous sommes légitimement bouleversés par ces récits qui nous relatent le faux procès, le supplice, l’agonie de Jésus, nous ne pouvons
séparer ces textes de ceux qui les suivent et annoncent sa résurrection.
Si dans notre propre passion, Jésus nous enseigne le chemin inéluctable du sacrifice, il nous assure que la victoire est déjà acquise. Et sa
résurrection nous montre que la vie l’emporte et gagne toujours, pour nous comme pour Lui.
Cette passion n’est pas une complaisance dans la souffrance ou le statut de victime, bien au contraire puisque nous en connaissons l’issue. Mais
comme pour le Christ, elle résulte de l’écart inévitable entre ce que Dieu et nous désirons, et que le monde refuse.
Frère Jean-Pierre Olivier,
Carême dans la ville
Careme dans la ville
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