– J’en ai assez de cette Église qui donne toujours des leçons. Et d’ailleurs, je peux très
bien prier tout seul. C’est décidé, je resterai désormais dans mon lit le dimanche matin.
Le prêtre ne dit rien. Il s’approche de la cheminée, saisit avec une pince une bûche incandescente qu’il pose hors du foyer. En
silence, il contemple le morceau de bois qui de flamboyant vire progressivement au gris cendre, puis au noir.
– J’ai compris. Je ferai encore un effort !
Souvent la tentation de critiquer l’Église s’empare de nous au point de penser que nous n’avons pas vraiment besoin d’elle pour
vivre notre foi.
De fait, l’Église peut paraître parfois pesante, mais cette lourdeur tout humaine qui vient ralentir sa marche divine est aussi ce
qui me permet de ne pas me laisser distancer par elle. Quelle place me resterait-il en effet dans une assemblée déjà parvenue à la sainteté ? Cette
institution fragile que j’aime à critiquer est en réalité le foyer qui me porte et qui me donne la force d’avancer, comme je l’expérimente d’ailleurs déjà avec
cette retraite.
Contre la tentation de la critique facile, prenons conscience pendant ce Carême de l’importance de la communauté à laquelle nous
appartenons. Mesurons plus encore que ce qu’il manque à l’Église est avant tout notre propre engagement. Ne regardons plus le bateau affronter seul la tempête
depuis le quai, mais montons dans la barque. Dieu est à la barre et il a besoin de chacun de nous.
– Que veux-tu que je fasse pour toi ?
– Me donner la force pour m’engager dans la vie de ma communauté.
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