Je ne sais pas prier

Publié le 13 Novembre 2008

Texte du site Prions en Eglise

U
n vieux moine demandait un jour à quelques étudiants venus le rencontrer de lui parler de la prière. Sa question en avait sans doute surpris plus d’un. Mais, sans hésitations, et avec le plus grand sérieux, chacun s’acquitta de cette tâche avec zèle, habilité et loquacité. Tous avaient bien évidemment quelque chose à dire sur la prière.

Théorie ou vécu, peu importait. L’essentiel semblait d’abord être d’honorer la question posée et de ne pas perdre la face devant les autres étudiants. Et chacun s’efforçait à qui mieux mieux d’y répondre. Le partage avait été riche et profond. Mais quand le vieux moine à qui l’on venait de renvoyer la question affirma en toute simplicité qu’il ne savait pas prier, l’étonnement des uns et des autres était grand !

« Je ne sais pas prier ! Apprenez-moi à prier ! Comment prier ? Où prier ? » Combien de fois ai-je entendu pareilles exclamations dans la bouche de paroissiens ? Elles disent vraisemblablement une soif de prier, une faim qui ronge de plus en plus.

Commence alors pour beaucoup une quête de recettes miracles qui pourraient conduire sur les chemins de la prière. Parfois elle conduit sur des chemins exotiques, vers des espaces qui en notre monde sont des lieux privilégiés pour la prière. Abbayes, déserts, montagnes sont des lieux magiques où la prière semble naturellement faire partie du paysage. Celui qui a fait halte dans un monastère découvre, souvent étonné, qu’il existe encore aujourd’hui des hommes et des femmes pour qui la prière est comme la respiration de la vie. Celui qui a peiné au désert, cherché de l’eau, croisé tel ou tel visage de bédouin, découvre souvent au beau milieu de cette terre aride que coule en son cœur une source d’eau vive. Le silence trouvé au désert n’est pas absence de mots ou de paroles mais découverte d’une autre parole, plus intérieure, d’un dialogue qui révèle la présence de l’autre, du Tout-Autre.

Le vieux moine nous a simplement expliqué combien la prière faisait partie de sa vie. Il ne savait pas prier, mais il priait sans cesse. À tel point que sa vie tout entière était devenue prière, offrande de lui-même, et accueil de la volonté de son Dieu. Il ne savait pas prier, mais il disait simplement qu’il fallait laisser parler en nous l’esprit et entendre son invitation à dire « abba, Père ! » La prière lui était aussi précieuse que la source qui jaillit au désert. Seigneur, apprends-moi à prier.

Rédigé par Père Benoît Gschwind, assomptionniste

Publié dans #Le coin Prière

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